La Montagne d’Îgîlîz et le pays des
Arghen
Directeur (s) :
Jean-Pierre Van Staëvel, Abdallah Fili, Ahmed Ettahiri
Collaborations :
INSAP, Rabat ; UMR 5648 ; Casa de Velázquez ; Paris IV, Université d’El
Jadida, Direction du Patrimoine
s’inscrit dans la continuité d’une enquête menée au Maroc dans la région de
Taroudant de 2004 à 2007. Cette enquête initiale, intitulée Villages et
sites-refuges du Sous et de la région d’Igherm (Anti-Atlas central) : géographie
historique et reconnaissance archéologique dans le Sud marocain (resp. : J.-P.
Van Staëvel, A. Fili) a consisté en une première approche de l’évolution du
peuplement dans la partie centrale de la vallée du Sous et la zone de piémont
des Atlas voisins, envisagée dans un temps long (XIe-XVIIIe siècles, les deux
termes étant donnés a priori par les textes consultés). Il s’agissait pour
l’essentiel de localiser précisément certains sites ayant joué, dans la zone
envisagée, un rôle majeur dans l’organisation du peuplement médiéval et
prémoderne. Reposant d’une part sur l’exploitation d’une ample documentation
textuelle et cartographique, et d’autre part sur les résultats d’un repérage in
situ, cette reconnaissance archéologique a notamment abouti à l’identification
et la localisation du site d’Îgîlîz (ou plus exactement d’« Îgîlîz-des-Hargha »,
du nom de la tribu berbère qui habite la région, les Arghen ou Hargha), qui est
connu par les textes médiévaux pour avoir abrité le lieu de naissance d’Ibn
Tûmart, futur Mahdî des Almohades, et le premier épicentre de la révolution
unitariste prônée par ce personnage. Le site semble avoir, du moins si l’on s’en
tient au témoignage des chroniques, connu une occupation d’une ampleur maximale
durant un temps fort bref, de 1121 à 1124-1125, arc chronologique qu’il convient
néanmoins, selon des indices textuels sporadiques mais concordants, d’étendre
plus largement vers l’aval et le courant de la seconde moitié du XIIe siècle.
Une source beaucoup plus tardive, datant du début du XVIIIe siècle, indique
qu’alors, le site paraît déjà déserté. Même si cette fourchette chronologique
reste encore floue, on voit bien l’intérêt que peut représenter, dans le cadre
d’une étude portant sur l’évolution du peuplement rural du Sud marocain, un site
relativement bien documenté par les sources textuelles, et peu perturbé par des
constructions d’époque tardive.
Prévue pour débuter au printemps 2009, la
fouille proprement dite concernera en premier lieu les vestiges du site fortifié
de hauteur : couplée à un relevé topographique général des structures (durant
l’été 2008), une série de sondages devrait permettre de préciser l’histoire et
la durée d’occupation de plusieurs des vestiges principaux repérés dans cette
zone (la muraille et sa porte, la mosquée, les citernes et les maisons). Déjà
amorcée en 2006 puis 2007, une prospection systématique aura pour objectif de
préciser la nature de l’occupation humaine autour de la montagne, afin de
vérifier notamment dans quelle mesure les établissements repérés sont bien
contemporains du site fortifié, et comment ils s’inscrivent éventuellement dans
une complémentarité fonctionnelle avec celui-ci. La redéfinition de l’occupation
du secteur après l’abandon de la forteresse-refuge, ainsi que l’apparition des
greniers collectifs, relèvent également d’un questionnement d’ensemble sur
l’évolution socio-économique de la région entre la fin de l’époque médiévale et
la période prémoderne.
Inscrite au programme quadriennal de la Casa de
Velázquez, bénéficiant d’un financement conjoint de la Casa de Velázquez, de
l’UMR 8167 et de l’UMR 5648, l’enquête sur La montagne d’Îgîlîz et le pays des
Arghen doit donner lieu à l’établissement d’un accord de coopération entre
l’INSAP, la Direction du Patrimoine, l’Université d’El Jadida, la Casa de
Velázquez et l’Université de Paris-Sorbonne. Il rassemble des universitaires
marocains et français, des chercheurs de l’INSAP, des archéologues de l’INRAP.
Le programme comprend un volet de formation à la recherche, destiné à des
étudiants marocains et français désireux de se spécialiser dans le domaine des
études historiques sur le Maroc médiéval et prémoderne.
Publications :
- - J.-P. Van Staëvel, A. Fili « Wa-wasalnâ ‘alâ barakat Allâh ilâ Îgîlîz : à
propos de la localisation d’Îgîlîz-des-Hargha, le hisn du Mahdî Ibn Tûmart »,
Al-Qantara, XVII, (2006), p. 153-194. - - J.-P. Van Staëvel, A. Fili, « Wa-wasalnâ ‘alâ barakat Allâh ilâ Îgîlîz :
hawla tahdîd mawqi‘ Îgîlîz hargha hisn li-mahdî Ibn Tûmart », traduction arabe
remaniée de l’article précédent, Revue de la Faculté des Lettres et des sciences
Humaines de Rabat, 26 (2006), pp. 91-124. - - J.-P. Van Staëvel, A. Fili, « Oublier Îgîlîz : un cas d’amnésie volontaire
dans la tradition historiographique almohade ? », Revue de la Faculté des
Lettres et des Sciences Humaines de Rabat, 2008, 23 p. - - J.-P. Van Staëvel, A. Fili, « Avant Tinmal : notes historiques et
archéologiques à propos d’Îgîlîz-des-Hargha, berceau du mouvement amohade », in
30 ans d’archéologie marocaine. Actes des Journées d’hommage à Madame le
Professeur Joudia Benslimane, (INSAP, Rabat, 8 et 9 décembre 2005), à paraître
en 2009.